Raconter l’histoire naissante de la pelote basque en Guinée, c’est se plonger dans les rêves de jeunes audacieux. Parmi eux se trouve Mohammed Bangoura, 15 ans. Le jeune garçon vit à Kipé dans un quartier populaire de Conarky avec son oncle et sa famille. Bangoura est la star de son quartier. Ancien joueur de foot, il donne tout son temps libre pour la pelote basque et ça paie : il est le meilleur joueur de Kipé. « Nous sommes tous derrière lui avec nos maigres moyens », souligne son frère aîné, « vous savez, il y a beaucoup de jeunes désespérés en Guinée. Mais lui, il a de l’ambition, il a du courage. » Élevé au sein d’un orphelinat, sa mère étant trop pauvre pour s’occuper de lui, Bangoura rêve de réussir dans la pelote pour qu’elle soit fière de lui.

La pelote basque a pris racine en Guinée grâce à une rencontre peu commune entre un Basque et un Guinéen : Beñat Cazenave, ancien Conseiller Technique Régional de Pelote Basque, et Charles Delamou. Charles est devenu le président de la Fédération Guinéenne de pelote Basque. La première en Afrique. Il a beaucoup d’ambition pour aider les jeunes de Guinée à rester chez eux et être acteurs de la société. Charles a fait le choix de développer ce sport d’abord dans le milieu scolaire.

Les obstacles sont nombreux dans un pays où la corruption est systémique. Après le coup d’État par la junte militaire en septembre 2021, Charles doit recommencer son plaidoyer pour la pelote auprès des nouveaux ministres. Ce parcours dans les méandres d’une administration faussement complexe révèle en réalité les cicatrices encore à vifs de l’histoire de la Guinée. « Ici, c’est le pays des faux problèmes » confie Charles. Contre vent et marée, il poursuit malgré tout : « Des gens m’ont fait confiance. Je ne dois pas les décevoir. »

Texte : Marie-Charlotte Noulens

 

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